Résumé exécutif
Le nombre de martyrs en Palestine au cours du mois de mars a dépassé les 1 400, entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, la majorité étant originaire de Gaza qui a également connu les événements les plus marquants de ce mois. Parmi eux, la reprise par Israël de la guerre d’extermination après la violation de l’accord et l’effondrement de la trêve. Ce mois a également été marqué par le plus grand nombre d’enfants martyrs en une seule journée dans la bande de Gaza, lors de ce qui a été appelé le « massacre de l’aube » qui a fait des centaines de victimes, dont 180 enfants. En Cisjordanie, l’opération militaire annoncée par les forces d’occupation, il y a plusieurs mois, se poursuit, notamment dans les camps de réfugiés de Jénine et de Tulkarem, annonçant une nouvelle phase où les forces d’occupation pourraient maintenir une présence permanente dans les zones dites « A » selon les accords d’Oslo – des zones qui sont censées être administrées et sécurisées par l’Autorité palestinienne et où jusqu’avant l’opération, les forces d’occupation menaient des incursions ponctuelles avant de se retirer.
Sur le plan législatif, ce mois n’a pas vu l’adoption définitive d’une nouvelle loi lors d’une troisième lecture ; il a été néanmoins marqué par la présentation de nombreux projets de loi, dont certains ont été approuvés en première lecture. Tous s’inscrivent dans une dynamique visant à institutionnaliser la situation actuelle et à lui conférer une couverture légale, notamment en criminalisant l’expression de l’opinion politique, ainsi qu’en poursuivant l’annexion de la Cisjordanie – un processus que le journal Haaretz a qualifié, dans l’un de ses rapports, de « fait accompli » en Cisjordanie. Par ailleurs, les crimes des colons et la confiscation des terres se sont poursuivis, l’un des faits marquants de ce mois ayant été l’approbation par le « cabinet sécuritaire » du projet de la « Route du tissu de vie » qui entraînera la confiscation de 3 % des terres de Cisjordanie, ainsi que la discussion d’un projet de loi visant à annexer des dizaines de colonies illégales autour de Jérusalem.
Sur le plan des prisonniers, ce mois a également été marqué par une hausse notable du nombre de Palestiniens placés en détention administrative sans aucune inculpation, le Comité des affaires des prisonniers et ex-détenus ayant signalé l’émission de plus de 600 ordres de détention administrative au cours du mois. Par ailleurs, la famine continue de sévir dans les prisons, ainsi que la propagation de maladies : il a été révélé qu’un virus particulièrement dangereux s’est répandu à l’intérieur de la prison de Damon, sans que l’administration pénitentiaire n’accepte de fournir des soins ou de prendre des mesures pour en limiter la propagation.
La reprise de la guerre d’extermination dans la bande de Gaza
Le 18 mars, les forces d’occupation israéliennes ont repris leur guerre d’extermination contre la bande de Gaza par des bombardements aériens et une offensive terrestre. Au cours de cette quinzaine de jour – soit depuis l’effondrement de la trêve jusqu’à la fin du mois de mars – plus de mille Palestiniens ont été martyrisés à Gaza par les frappes israéliennes, portant le nombre total de martyrs de la guerre d’extermination, entre le 7 octobre et la fin de ce mois couvert par ce rapport, à 50 357 martyrs.
Dans les premiers jours de la reprise de la guerre, Gaza a connu des nuits sanglantes, décrites comme parmi les plus violentes depuis le début de l’agression. À l’aube du mardi 18 mars, un massacre a eu lieu, faisant plus de 400 martyrs et des centaines de blessés, parmi eux 180 enfants, soit le plus grand nombre d’enfants tombés en martyrs en une seule journée au cours de l’année écoulée, selon l'UNICEF.
Depuis le début du mois, les forces israéliennes n’ont autorisé l’entrée d’aucune aide humanitaire dans la bande de Gaza, une situation qui a perduré jusqu’à la fin du mois, aggravant la crise humanitaire et replongeant Gaza dans le risque de famine. Par ailleurs, les forces d’occupation se sont redéployées autour de ce qu’elles appellent « l’axe de Netzarim » qui divise la bande de Gaza entre nord et sud, interdisant à nouveau les déplacements entre les deux parties. À cela s’ajoute la reprise des ordres de déplacement forcé, d’exode et d’évacuation imposés aux habitants du secteur, les contraignant à des déplacements multiples d’un lieu à un autre, dans un contexte de déplacements massifs et de destruction généralisée à travers toute la bande de Gaza.
Sur le plan des déclarations et des initiatives politiques qui révèlent les intentions du gouvernement israélien et ses objectifs derrière la reprise de la guerre d’extermination, le cabinet ministériel restreint pour les affaires sécuritaires et politiques a approuvé ce mois-ci la création d’une division chargée d’encourager l’émigration volontaire des habitants de la bande de Gaza. Cette décision a été annoncée par le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, qui avait auparavant déclaré avoir ordonné à l’armée de préparer un plan visant à mettre en œuvre le projet du président américain Donald Trump, consistant à transférer et à déplacer la population de Gaza.
Lois et projets de loi
Aucune nouvelle loi n’a été adoptée en lecture finale durant ce mois, mais de nombreux projets de loi ont été présentés par des députés en vue de leur adoption et de leur vote dans les mois à venir. Tous s’inscrivent dans les orientations déjà évoquées dans les rapports précédents, visant à restreindre davantage les droits des Palestiniens et à institutionnaliser le régime répressif existant par une légalisation officielle. Ces orientations se distinguent par deux axes principaux : d’une part, le durcissement des restrictions sur la liberté d’expression, l’activité politique et l’affirmation de l’identité ; d’autre part, la poursuite du processus d'annexion légale, notamment en Cisjordanie, ainsi que la prolongation de la loi temporaire interdisant le regroupement familial des Palestiniens de part et d’autre de la Ligne verte.
Sur le plan des lois d’annexion légale – appelées en Israël lois de « l’imposition de la souveraineté » en Cisjordanie – des députés de la coalition ont présenté plusieurs projets de loi, parmi lesquels un projet visant à imposer la souveraineté sur l’ensemble de la Cisjordanie, déposé par le député Ohad Tal du parti « Sionisme religieux », et un second projet portant sur l’imposition de la souveraineté sur les colonies de Cisjordanie, présenté par le député Avihai Boaron du parti au pouvoir, le « Likoud ». De plus, un autre projet qui impose que toutes les lois, correspondances et documents officiels en Israël utilisent exclusivement l’appellation « Judée et Samarie » pour désigner la Cisjordanie rejetant toute autre dénomination, a été adopté en première lecture.
À tout cela s’ajoute une série de projets de loi visant à appliquer la loi civile israélienne en Cisjordanie, sans l’annoncer officiellement. Parmi les plus importants ce mois-ci figure un projet de loi transformant toutes les lois israéliennes en ordres militaires, permettant ainsi leur application en Cisjordanie sans déclaration officielle d’annexion, ainsi qu’un autre projet de loi visant à appliquer toutes les lois relatives à « l’urbanisme et à la construction ». Un autre projet, présenté par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, propose d’annuler les Accords d’Oslo et tous les accords qui en découlent.
Sur le plan de l’atteinte à l’identité politique et des restrictions continues visant les Palestiniens des territoires de 1948 et de Jérusalem, ce mois-ci a également été marqué par une série de lois, dont les principales sont l’adoption en première lecture de deux projets de loi interdisant aux diplômés des établissements d’enseignement supérieur en Cisjordanie de travailler dans le système éducatif israélien. Ces lois visent à empêcher les contacts entre les Palestiniens de l’intérieur et de Jérusalem et les Palestiniens et étudiants universitaires de Cisjordanie. Au cours du même mois, un autre projet de loi a également été adopté en première lecture, autorisant les universités israéliennes à restreindre la liberté d’expression politique en leur sein, voire à interdire certains mouvements étudiants.
Colonisation et contrôle des terres
À la fin du mois de mars, le cabinet ministériel israélien restreint a approuvé le lancement du projet « Route du tissu de la vie » qui facilitera l’annexion d’environ 3 % des terres de Cisjordanie et séparera le nord du sud du territoire. Le projet prévoit de creuser un tunnel souterrain reliant la zone de Zaïm, au nord de Jérusalem-Est, au quartier d'al-Eizariya, au sud, afin de créer une route réservée exclusivement aux Palestiniens. Ceux-ci pourront ainsi se déplacer entre le nord et le sud de la Cisjordanie sans emprunter la route n°1, réservée aux colons israéliens et désormais définitivement interdite aux Palestiniens.
La route n°1 part du centre de Jérusalem, traverse les quartiers arabes de la ville ainsi que les accès à la colonie de Maalé Adoumim, avant de rejoindre Jéricho. Actuellement, cette route est empruntée à la fois par les Palestiniens et les colons. Le projet du tunnel « Route du tissu de la vie » vise à résoudre ce « problème » pour les colons en fermant une vaste zone au cœur de la Cisjordanie aux Palestiniens et en reléguant leur circulation à un passage étroit souterrain. Ce projet ouvre également la voie à l’annexion de Maalé Adoumim, la plus grande colonie implantée sur les terres de Cisjordanie, à Israël.
Pour creuser le nouveau tunnel, Israël doit traverser des zones classées « B » et qui sont exclusivement sous l’Autorité palestinienne en matière de planification et de construction. Cependant, le cabinet israélien a décidé de définir le tunnel comme une route sécuritaire, accordant ainsi à l’État israélien le pouvoir de planifier et de procéder à une saisie militaire des terres dans ces zones. Cela inclut également la démolition des habitations situées sur le tracé du tunnel et le déplacement forcé de leurs habitants, comme c’est le cas pour la communauté de Saraya, par exemple.
Quant aux Palestiniens vivant autour de la zone où le tunnel doit être creusé, ils seront complètement isolés de leur environnement. Parmi eux figurent des dizaines de communautés bédouines, telles que Khan al-Ahmar, Wadi Jammal et Jabal al-Baba, regroupant des milliers de Palestiniens qui se retrouveront sans accès reliant leurs habitations au reste de la Cisjordanie. On ignore comment ils pourront rejoindre leurs foyers, ce qui risque de conduire à leur déplacement forcé. Ironie du sort : le projet du tunnel sera financé à partir des fonds de compensation que l’occupation israélienne a confisqués à l’Autorité palestinienne, sous prétexte qu’il s’agirait d’une route destinée aux Palestiniens.
En confirmation du lien entre le projet de la « Route du tissu de la vie » et la reconfiguration géographique de la Cisjordanie en vue de l’annexion de vastes portions de territoire, la commission ministérielle israélienne, chargée de la législation, a discuté le 2 mars d’un projet de loi visant à annexer 29 blocs de colonies autour de Jérusalem (dont la colonie de Maalé Adoumim). Ce projet concerne une superficie d’au moins 119 dounams et englobe 180 000 colons, en plus des zones situées entre ces blocs de colonies et Jérusalem, dont la superficie est plus du double de celle des blocs eux-mêmes. La commission ministérielle a toutefois reporté la discussion du projet de loi pour une durée de trois mois.
L’occupation a donc ouvert et clos le mois de mars par une tentative de mise en œuvre de son ancien projet de « Grand Jérusalem ». Au cours de ce mois par ailleurs, le rythme effréné de la construction coloniale s’est poursuivi sur l’ensemble des terres de Cisjordanie. Voici les principaux événements du mois dans ce contexte :
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Le 5 mars, le gouvernement israélien a approuvé la construction de 1 421 unités de logement dans quatre colonies : Mesu’a (258 unités), Beit Hagai (225 unités), Hashmonaim (478 unités) et Talmon (460 unités).
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Le 12 mars, le gouvernement israélien a approuvé la construction de 1 438 unités de logement dans cinq colonies : Giv‘at Ze’ev (3 unités), Talmon (968 unités), Sha‘aré Tikva (2 unités), Yakir (464 unités) et Etz Efraïm (1 unité).
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Le 19 mars, le gouvernement israélien a approuvé la construction de 1 211 unités de logement dans quatre colonies : Maalé Amos (561), Aïtets Efraïm (252), Metspe Shalem (168) et Beitar Illit (230).
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Le 26 mars, le gouvernement a examiné un projet de construction de 1 344 unités de logement dans deux colonies : Maalé Adoumim (1 113) et Kokhav Yaakov (231).
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Le 23 mars, le cabinet ministériel a décidé de détacher 13 quartiers de différentes colonies pour les reconnaître comme des colonies indépendantes bénéficiant des mêmes privilèges que les autres, y compris un budget spécifique. Cette décision porte ainsi le nombre officiel de colonies de 127 à 140. Le président de la Commission de résistance au mur et à la colonisation, Muayyad Shaaban, a précisé que ces quartiers avaient été établis comme des avant-postes coloniaux illégaux il y a deux décennies, puis transformés par le gouvernement d’occupation en quartiers, avant d’être aujourd’hui déclarés comme de nouvelles colonies. Cette mesure entraînera l’accaparement de davantage de terres et rendra impossible toute continuité géographique entre les villages et les localités avoisinantes dans les gouvernorats de Ramallah, Bethléem, Salfit, Naplouse, Jénine et Tubas.
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Le 23 mars, un groupe de colons s’est emparé de la maison d’une famille palestinienne dans le quartier de Tel Rumeida, à Hébron. Alors que la famille était sortie pour rompre le jeûne du Ramadan, elle a découvert à son retour que des colons avaient investi les lieux sous protection de l’armée, affirmant avoir acheté la maison sans fournir la moindre preuve. Après l’intervention de l’administration civile auprès de l’armée israélienne, la famille a obtenu l’autorisation de résider dans une seule pièce située au sous-sol de sa propre maison, tandis que les colons occupent toujours le reste de la demeure.
Violations et crimes
Au cours du mois de mars, 1 294 incursions ont été recensées dans des villes, villages et camps palestiniens en Cisjordanie, principalement dans les gouvernorats de Ramallah, Naplouse, Hébron, Jénine, Tulkarem et Bethléem. Par ailleurs, les forces d’occupation ont érigé 312 postes de contrôle surprises à travers la Cisjordanie.
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L’armée d’occupation a commis environ 1 349 agressions au cours de ce mois, incluant des tirs, des homicides, des jets de gaz lacrymogène, des incursions, des dépouillements et destructions de terres, entre autres exactions. Ces agressions se sont concentrées principalement dans les gouvernorats d’Hébron, Naplouse et Ramallah.
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OCHA a indiqué une augmentation du nombre de martyrs palestiniens depuis le début de l’année 2025, s’élevant à 99 personnes, dont 60 % provenaient des camps de Jénine et de Nour Shams.
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Depuis le 21 janvier, les forces israéliennes mènent une opération militaire de grande envergure dans le nord de la Cisjordanie, en particulier dans le camp de Jénine. L’opération s’est étendue aux camps de Tulkarem et de Nour Shams à partir du 27 janvier. Cette offensive a entraîné le déplacement de dizaines de milliers de résidents : environ 16 600 personnes ont fui le camp de Jénine, 12 100 celui de Tulkarem, et 10 000 celui de Nour Shams, selon les données arrêtées à fin février. Il s’agit de la plus longue opération militaire menée en Cisjordanie depuis la seconde Intifada. Elle a provoqué la destruction des infrastructures, le déplacement forcé des habitants, la dévastation de l’environnement urbain des camps, la transformation des écoles en abris d’urgence, et a exposé les familles palestiniennes à des conditions de vie et de santé extrêmement précaires, tout en interrompant le processus éducatif dans les établissements scolaires.
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Selon l’OCHA, le nombre total de checkpoints en Cisjordanie s’est élevé à 849. Un tiers de ces barrages, soit 288, est constitué de portails routiers qui sont le plus souvent fermés.
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Le 4 mars, les forces d’occupation ont fait irruption dans une école relevant de l’UNRWA, située dans le camp de Shoufat, à Jérusalem.
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Le 8 mars, les forces d’occupation ont fait irruption dans l’enceinte de l’hôpital public de la ville de Jénine, lançant des grenades assourdissantes en direction des citoyens. Les soldats ont fouillé les véhicules des Palestiniens stationnés dans la cour de l’hôpital.
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Le 15 mars, les forces d’occupation ont fait exploser un café dans le camp de Nour Shams, à Toulkarem, dans le cadre de la campagne militaire menée contre les camps du nord de la Cisjordanie.
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Le 19 mars, les forces d’occupation ont saccagé et ravagé les routes et les terrains à Masafer Bani Naïm, qui étaient en cours d’aménagement pour la construction d’une université dans la région.
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Le 25 mars, les forces d’occupation ont agressé physiquement une équipe d’ambulanciers relevant de la Société du Croissant-Rouge palestinien près du camp d’al-Fawar, au sud d’Hébron.
Crimes des colons
Les crimes et agressions commis par les colons au cours du mois de mars ont atteint un total de 166 attaques, comprenant notamment : des assauts contre les habitants et leurs maisons, des jets de pierres, des agressions contre des véhicules, des tirs à balles réelles, des déracinements d’arbres, entre autres exactions. Au cours de ce mois, les colons ont également effectué 28 incursions dans la mosquée Al-Aqsa, soit environ 4 784 colons dont la moitié sont entrés sous prétexte de « visites touristiques » dans les cours de la mosquée.
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Le 10 mars, des colons ont établi un avant-poste colonial sur les terres du village de Huwara, au sud de Naplouse, installant des tentes et des maisons en plastique au sommet du mont Ras Zeid.
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Le 11 mars, des colons ont incendié trois véhicules dans le village d’Umm Safa, au nord-ouest de Ramallah, après s’être infiltrés dans le village.
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Le 17 mars, des colons ont asphalté une route dans la région d’al-Sakout, dans la vallée du Jourdain nord, menant à la source de Aïn al-Sakout. Ils ont également installé une clôture et des portails autour de la source, dans le but de s’en emparer entièrement et d’empêcher les Palestiniens d’y accéder.
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Le 31 mars, des colons ont volé cinq chevaux dans le hameau de Khirbet al-Tawil, rattaché au village d’Aqraba, au sud de Naplouse.
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Le 23 mars, des colons israéliens se sont emparés d’un immeuble de deux étages situé en dehors de la zone militaire fermée, dans le quartier de Tel Rumeida, à Hébron, dans la zone sous contrôle israélien. Alors que la famille palestinienne résidant dans deux appartements du premier étage était en visite chez des proches, les colons ont pénétré de force dans le bâtiment, entraînant le déplacement d’un homme palestinien, de son épouse, de leurs trois enfants et de sa mère âgée. À leur retour, la famille a trouvé les colons à l’intérieur, mais les forces israéliennes leur ont interdit de s’approcher de l’immeuble. Les colons ont prétendu avoir acheté la propriété, mais les propriétaires palestiniens ont réfuté cette affirmation. Deux jours après l’intrusion, le 25 mars, la famille du fils, composée de cinq personnes, a pu regagner son appartement, tandis que les colons continuaient d’occuper l’autre logement, celui de la mère âgée, ainsi que le deuxième étage, encore en construction. Les colons ont également bloqué l’entrée principale reliant les deux appartements et en ont ouvert une nouvelle à l’extérieur. L’établissement de cette nouvelle colonie suscite de vives inquiétudes quant à de nouvelles restrictions de circulation pour les Palestiniens, déjà soumis à des limitations sévères dans cette zone d’Hébron contrôlée par Israël.
Les prisonniers et détenus
Le mois de mars de cette année a coïncidé avec le mois de Ramadan, ce que les autorités d’occupation ont exploité pour intensifier la répression et la persécution des prisonniers dans les prisons israéliennes. Ces dernières connaissent une situation sans précédent en plusieurs décennies de l’histoire du mouvement des prisonniers, que ce soit en termes de nombre de cas de détention et de détention administrative, ou des conditions de détention et de répression. Il semble que les mauvaises conditions environnementales et sanitaires dans les prisons sont devenues une politique délibérée, ce qui a conduit à la propagation de nombreuses épidémies et maladies infectieuses. Une enquête marquante, publiée à la fin du mois par le quotidien britannique The Independent, a révélé des témoignages choquants sur le traitement brutal des prisonniers, ainsi que des rapports d’autopsies confirmant la politique de meurtre systématique dans les prisons israéliennes. Voici un résumé des principaux événements de ce mois :
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Au cours du mois de mars, le martyre de deux prisonniers a été annoncé : le prisonnier mineur Walid Khaled Abdullah Ahmed (17 ans), originaire du village de Silwad dans le gouvernorat de Ramallah et de Bireh, dont les résultats de l’autopsie ont révélé que la cause principale de son martyre le 24 mars était la politique de privation alimentaire systématique à la prison de Megiddo. De plus, le 6 mars, le Comité des affaires civiles a informé le Comité des affaires des prisonniers du martyre, le 21 février, du prisonnier Ali Ashour Ali al-Batsh (62 ans) de Gaza, après avoir été transféré de la prison de Negev à l'hôpital Soroka. Le nombre total de martyrs parmi les prisonniers dont les identités sont connues a atteint 63, depuis le début de la guerre d’extermination, avec 61 corps retenus par l’occupation. Ces chiffres sont sans précédent dans l’histoire du mouvement des prisonniers et ne tiennent pas compte des prisonniers de Gaza, dont le sort est dissimulé par les autorités d’occupation.
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Le 18 mars, le martyre du prisonnier libéré Kazem Zawahra de Bethléem a été annoncé, peu de temps après sa libération, blessé, dans le cadre de l’échange de prisonniers. Le martyr avait subi une blessure grave par balle lors d’une opération de résistance menée contre l’occupation il y a un an. L’occupation a continué à le détenir à l’hôpital israélien Hadassah jusqu’à sa libération, avant de le transférer à l’hôpital Al-Hussein à Bethléem, où il a rendu l’âme.
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Le 4 mars, les forces d’occupation ont de nouveau arrêté la prisonnière libérée dans le cadre de l’échange, Israa Khader Ghneimat, moins de deux mois après sa libération survenue le 20 janvier. Le nombre de femmes détenues dans les prisons israéliennes s’élève désormais à 26, dont 14 mères. La majorité d’entre elles ont été arrêtées sous l’accusation d’ « incitation », une accusation que le Comité des affaires des prisonniers considère comme une forme de détention administrative. La commission a également observé une hausse significative des arrestations de femmes depuis le début de la guerre d’extermination, avec plus de 500 cas enregistrés depuis le 7 octobre, un chiffre qui n’inclut pas les femmes arrêtées dans la bande de Gaza, estimées à des milliers.
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À l’aube du 12 mars, les forces d’occupation ont arrêté le journaliste Ahmad al-Khatib à son domicile dans la ville de Beitunia, Ramallah. Depuis le 7 octobre, le nombre d’arrestations dans les rangs des journalistes s’élève à au moins 170 hommes et femmes de presse, dont 51 restent toujours détenus.
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Le 23 mars, l’administration pénitentiaire de l’occupation a imposé aux avocats des prisonniers le port d’un bracelet portant le drapeau de l’État occupant, ainsi que le nom de la prison et la mention « visiteur ». Cette mesure s’inscrit dans une série de restrictions imposées par le système carcéral aux équipes juridiques depuis le début de la guerre, visant à entraver davantage les visites aux prisonniers.
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Le 29 mars, le journal britannique The Independent a publié une enquête incluant des témoignages de prisonniers palestiniens ayant subi des actes de torture brutale de la part des soldats de l’occupation, comprenant des coups, des décharges électriques, des viols et des coups de couteau. Le journal a également révélé des rapports d’autopsie, auxquels il a eu accès, concernant des prisonniers tués dans les prisons israéliennes en raison d’un usage excessif des menottes ou de tortures directes. Le président du Comité des affaires des prisonniers et des ex-détenus, Raed Abou al-Homs, a commenté cette enquête en soulignant que « le laxisme des institutions internationales, et leur incapacité à assumer leurs responsabilités morales et humanitaires pour accéder aux prisonniers palestiniens et à leurs lieux de détention, sous prétexte du refus de coopération des autorités d’occupation, a conduit à cette réalité sans précédent dans toute l’histoire de la lutte du mouvement des prisonniers ».
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Les administrations pénitentiaires ont profité du mois de Ramadan pour accentuer les restrictions imposées aux prisonniers et prisonnières. Tout le matériel de cuisine a été confisqué dans l’ensemble des prisons. À la prison de Damon, l’administration a délibérément communiqué une fausse heure de rupture du jeûne aux détenues, a fouillé les cellules à l’heure du souhour et a jeté leur repas au sol. De la nourriture avariée a également été servie. Au centre de détention d’Atsyon, le repas du souhour s’est limité à trois tranches de pain et une petite cuillère de confiture ou une mini portion de « shamenet » pour douze détenus, tandis que dans d’autres prisons, les prisonniers ont rapporté ne pas avoir reçu de repas de souhour du tout.
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Le Comité des affaires des prisonniers a publié des rapports sur certaines violations subies par les détenus dans différentes prisons au cours du mois de mars. À la prison de Megiddo, des gardiens ont éteint leurs cigarettes sur les corps de deux prisonniers mineurs et les ont violemment frappés. À la prison d’Atsyon, l’administration a intensifié les opérations de répression menées jusqu’à trois fois par semaine, tout en privant les détenus d’eau chaude. Les mineurs incarcérés à la prison de Damon ont été soumis à des fouilles brutales, violentes et répétées. À la prison d’Ofer, les prisonniers ont subi une attaque féroce, causant notamment à Hani Ahmad Amro (36 ans) des fractures à la poitrine. L’administration pénitentiaire a refusé de le transférer pour traitement.
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Le 17 mars, le Comité des affaires des prisonniers a mis en garde contre la propagation d’un virus dangereux dans le bloc 3 de la prison de Megiddo, soulignant que l’administration pénitentiaire refusait délibérément de fournir un traitement, entraînant ainsi, chez 90 % des détenus, des symptômes généralisés de diarrhée, de vomissements et des pertes de connaissance, en particulier chez les âgés. Les conditions sanitaires et environnementales déjà déplorables dans les prisons se sont aggravées, notamment à la prison de Damon, où des punaises de lit infestent les cellules des mineurs, contraints de porter les mêmes vêtements en raison de la confiscation de leurs effets personnels. La gale s’est également répandue de manière inquiétante dans diverses prisons, tandis que l’administration de la prison du Néguev a intentionnellement placé les détenus infectés au contact des détenus sains afin de leur transmettre la maladie, en guise de punition.
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Au cours du mois de mars, le Comité des affaires des prisonniers et ex-détenus a publié des listes contenant les noms de plus de 680 Palestiniennes et Palestiniens ayant fait l’objet d’ordres de détention administrative, qu’il s’agisse de nouveaux ordres ou de renouvellements. Ce chiffre représente plus du triple du nombre d’ordres émis le mois précédent, et qui s’élevait à environ 200. Les listes ont été rendues publiques comme suit : plus de 80 noms le 27 mars ; 50 noms envrion, dont celui de la prisonnière Iba’ al-Aghbar de Naplouse, le 26 mars ; 26 noms, le 25 mars ; 26 autres noms le 24 mars ; 65 noms, le 23 mars ; 66 noms, le 19 mars ; 15 noms, le 18 mars ; 25 noms, le 16 mars ; 41 noms, le 13 mars ; 82 noms, le 12 mars ; 28 noms, le 9 mars ; 47 noms, le 4 mars ; 65 noms, le 3 mars.
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Le 10 mars, les autorités d’occupation ont libéré la jeune fille palestinienne de Jérusalem, Tuqa Ghazway (12 ans), sous condition d’assignation à résidence et d’éloignement de son domicile familial pour une durée d’un mois. Sa libération a également été conditionnée au paiement d’une caution de 3 000 shekels, ainsi qu’à une garantie financière d’un tiers. Il est à noter qu’elle avait été arrêtée le 3 février sous prétexte d’incitation.
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Le 27 mars, les autorités d’occupation ont libéré environ 30 prisonniers issus de différentes prisons après la fin de leur peine, parmi lesquels le prisonnier de Jérusalem, Sa’ed Salama, qui avait passé 24 ans en détention. L’occupation a imposé à sa famille des conditions strictes pour empêcher toute manifestation de célébration à l’occasion de sa libération.
Martyrs et blessés
Au cours du mois de mars, 1 496 Palestiniens sont tombés en martyrs, dont 1 478 dans la bande de Gaza et 18 en Cisjordanie. Le nombre de blessés s’élève à 2 923, majoritairement dans la bande de Gaza, à l’exception de 143 recensés en Cisjordanie.
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Depuis le 7 octobre 2023, le bilan de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza s’élève à 50 357 martyrs et 114 400 blessés.
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Le 31 mars, 17 Palestiniens ont été martyrisés dans la bande de Gaza lors de frappes aériennes israéliennes qui ont ciblé les civils dans diverses zones du centre de la bande de Gaza.